Paris, le 09 février 2023
Les réseaux sociaux, tu connais bien, n’est-ce pas ? Tu es né avec, il ne se passe sûrement pas une journée sans que tu n'ouvres Instagram ou TikTok. Alors, peut-être as-tu déjà pensé à en faire ton métier.
Aujourd'hui plus que jamais, les réseaux sociaux tiennent une place centrale dans la croissance d’une entreprise. S’il est souvent idéalisé, le métier de Social Media Manager est bien plus stratégique qu’il n’y paraît au premier abord.
En effet, le Social Media Manager est chargé d'établir la stratégie pour les différents réseaux sociaux de l'entreprise, puis de la production de tout le contenu.
Pour comprendre les enjeux de ce poste, nous sommes allés à la rencontre de Sarah Partouche, passée par Alan et BPIFrance, elle est aujourd'hui à la tête des réseaux sociaux de Matera. C’est elle qui a amené les réseaux de la marque de 7 000 abonnés à plus de 55 000 en 18 mois, sur un sujet assez peu tendance : la gestion de copropriété.
Selon la taille de l’entreprise, son secteur et sa typologie de clients (B2B ou B2C), les objectifs du Social Media Manager vont être différents. Sarah Partouche explique que “le Social Media Manager est garant de toute la production de contenus et de l'image de la marque sur les réseaux sociaux.” Quand on connaît l’impact des réseaux aujourd’hui, c’est une grande responsabilité.
Sarah occupe le poste de Social Media Manager (SMM) chez Matera, une start-up de gestion de copropriété.
En France, les copropriétaires ont la possibilité de gérer eux-mêmes leur copropriété s’ils ne souhaitent pas faire appel à un syndic (Foncia ou Pichet par exemple). Matera propose alors à ces personnes une plateforme pour faciliter la gestion (envoi automatique des convocations des assemblées générales, communication facilitée au sein de la copropriété, etc.).
Le cycle de vente dans ce genre d’entreprise est très long. Entre le moment où une personne découvre Matera et où la copropriété devient cliente, il se passe en moyenne un an. En effet, c’est une décision collégiale, qui doit être approuvée au cours d’une assemblée générale et par un notaire.
Les objectifs de Matera avec ses réseaux sociaux sont donc forcément différents d’une entreprise e-commerce (une entreprise cosmétique qui vend des produits de beauté achetables en un clic depuis Instagram par exemple).
Sarah explique : “l’objectif premier pour moi, Social Media Manager de Matera, c'est de créer de la notoriété pour l'entreprise, donc de faire connaître l'entreprise sur les réseaux sociaux.”
Elle reprend : “puis, dans un second temps, de créer de la préférence de marque, ce qu'on appelle du "brand love". Les prospects vont préférer faire appel à ton entreprise plutôt qu'à tes concurrents, parce qu'il y a une valeur ajoutée différente, une relation spéciale avec la communauté, plus proche de leurs valeurs.”
Lorsqu’on pense réseaux sociaux, on pense souvent au poste de Community Manager (CM). Si les deux postes sont proches, le travail est légèrement différent. Le CM est plutôt dans l’opérationnel, il interagit avec la communauté (commentaires, messages privés), il rebondit sur les tendances et les posts qui buzz.
Le SMM, quant à lui, établit la stratégie et assure la production de contenu (écriture des posts, des scripts des vidéos et tournages, validation des informations avec le service juridique…).
En fonction de la taille de l’entreprise, les deux postes peuvent être occupés par la même personne (c’est le cas de Sarah chez Matera par exemple) ou être séparés.
Il faut bien comprendre que le poste de SMM est étroitement lié à la croissance de l’entreprise, pourtant il est difficile de mesurer son impact réel. Sarah développe : “au global, si les réseaux sociaux fonctionnent, si les posts font plus d'impressions, la marque gagne en notoriété, les gens connaissent Matera et deviennent clients. Mais dans la réalité, ce n'est pas traçable, c'est difficile de savoir si une personne a été touchée une, deux, trois ou douze fois par un post et a décidé de remplir le formulaire de contact et de devenir prospect.”
Le SMM a souvent l’image de la personne qui passe son temps sur TikTok ou Instagram à faire des memes, y compris dans des entreprises récentes et innovantes. Pourtant, avec l’importance des réseaux sociaux aujourd'hui, son rôle est bien central dans le développement de l’entreprise.
Selon Sarah Partouche, les compétences clefs pour devenir Social Media Manager sont avant tout des softs skills.
La rigueur est importante, notamment avec la langue française puisque tu seras amené à beaucoup écrire. Une excellente organisation est nécessaire, car comme Sarah l’explique “tu passes sans cesse d’un réseau à un autre et donc d’une stratégie à une autre.”
Il faut aussi faire preuve d’une grande adaptabilité. “Quand tu changes d'entreprise, tu changes de sujet et quand tu es Social Media Manager, tu dois t'imprégner du sujet au maximum parce que tu vas parler de ce sujet., il faut savoir en parler avec rigueur et ne pas avancer des propos qui sont faux.”
“Moi par exemple, j'ai fait trois entreprises. Chez BPIFrance, j'ai dû devenir en quelque sorte experte sur le sujet du financement et de l'investissement, chez Alan, de l'assurance santé et chez Matera, de la gestion de copropriété” confie Sarah.
D’autre part, ce n’est pas un secret, les algorithmes changent aussi sans cesse, il faut donc être capable de se remettre en question et de ne pas prendre pour acquises les choses qui ont marché pendant un certain temps.
La polyvalence semble aussi essentielle dans ce métier. Sarah explique toute l’étendue de son métier : “Tu pars de l'idéation, donc il faut maîtriser tous les réseaux sociaux, faire de la veille, connaître extrêmement bien les algorithmes et les changements qui sont très fréquents. Et en même temps, il faut savoir monter de la vidéo, faire un peu de création, savoir adapter l'identité de marque.”
Suivant la taille de l’entreprise, l’équipe social média sera plus au moins développée. Si tu es dans une start-up toute jeune, il y a de grandes chances que tu sois chargé de tout, du début à la fin : trouver l’idée et la mettre en forme, puis poster et interagir avec la communauté, sur l’ensemble des réseaux sociaux de la marque.
Dans des entreprises plus matures, les tâches peuvent être plus partagées, mais le Social Media Manager peut aussi avoir plus de responsabilités. C’est le cas de Sarah chez Matera qui gère également la partie Influence (partenariat avec des influenceurs) et la collaboration avec des prestataires (monteur vidéo par exemple).
Enfin, la prise de recul est indispensable. Les réseaux sociaux peuvent parfois être violents, notamment lorsqu’on est victime d’un bad buzz. C’est ce qui est arrivé à Sarah avec une vidéo sur Tik Tok.
Dans cette vidéo, elle partage une information à propos des mandats de perquisition en France. Des haters s’en prennent violemment à elle dans les commentaires, parfois insultants, au prétexte que l’information serait fausse.
Elle raconte son expérience dans un post LinkedIn : “Je ne me serais jamais attendue à tant de condescendance et de paternalisme dans les commentaires. Il faut avoir la peau dure et s’armer de confiance.”
Si c’est le réseau social de la marque, c’est bien Sarah qui a été visée par les commentaires, puisque c’est elle qui incarne la marque. “On sous-estime largement l’impact d’un bad buzz sur la personne qui modère, crée ou incarne le contenu. Je me suis remise en question pendant 3 jours, je craignais d’avoir engagé la crédibilité de la marque, la qualité de mon travail ainsi que ma propre image. Cela demande énormément d’énergie de répondre calmement, factuellement, à des commentaires pas aussi aimables.”
Finalement, après avoir validé la véracité de l’information avec le service juridique, c’est avec beaucoup de patience et de recul qu’elle a répondu aux commentaires pour rétablir la vérité. Selon elle, il faut “être persévérant, car au bout d'un moment, ça se calme.”
Comme nous venons de le voir dans la partie précédente, les compétences clefs sont surtout des softs skills. Sarah le reconnaît, “c'est un métier très terrain, donc on apprend sur le tas.”
Selon elle, “il faut forcément une appétence pour la culture internet. J'avais une grosse consommation social media de manière générale et l’aspect social et sociologique me plaisait beaucoup.”
Bien sûr, comprendre le fonctionnement d’une entreprise de manière globale et stratégique aide à mieux appréhender le métier. L’objectif d’une entreprise est d’augmenter son chiffre d’affaires, et pour cela, elle a besoin de se faire connaître. L’un des principaux canaux pour le faire aujourd'hui sont les réseaux sociaux.
“Oui, avoir une formation marketing aide bien sûr, mais ce n’est pas un prérequis selon moi. Certaines personnes montent leur entreprise sans n’avoir jamais étudié le marketing et performent très bien avec leurs réseaux sociaux” confie Sarah.
Comme beaucoup d’autres jobs, le salaire d’un Social Media Manager dépend de beaucoup de paramètres : taille de l’entreprise, située à Paris ou en province, secteur d’activité…
En moyenne, le salaire pour un SMM junior (moins de deux ans d'expérience) commence autour de 35 000€. Après 5 ans, on voit des salaires entre 45 000€ et 55 000€.
Il y a deux grandes voix possibles d’évolution après un post de Social Media Manager :